Développement personnel

L’émergence du développement personnel en ce début de 21ème siècle semble correspondre à l’évolution naturelle et nécessaire de ce que le philosophe Bergson nommait l’élan vital. Si il s’agissait au cours du siècle dernier, par un consensus général relativement explicite autour de l’idée de progrès technique, d’orienter cette énergie en vue d’améliorer notre condition de vie sur un plan presque essentiellement matériel, désormais cet élan vital réclame une voie nouvelle de développement.

Notre dynamisme individuel et collectif, grâce à l’appui de l’industrie et la technologie nous a permit d’élaborer et construire une société où le confort corporel et les satisfactions sensorielles pouvaient relativement nous satisfaire. Le sens et la valeur de nos efforts s’inscrivaient presque instinctivement vers cette marche collective en avant. De nos jours, cette capacité à mobiliser collectivement une énergie d’action productive, dont l’usage et la destination suscitent une relative unanimité, s’est considérablement amoindrie. L’idée de progrès telle que nos prédécesseurs l’entendaient ne suffit plus à fédérer, mobiliser et satisfaire pleinement l’Humanité.

Si l’idée de progrès telle que nous l’avons décrit n’est plus un véhicule suffisamment puissant pour transporter, voire sublimer l’élan vital, c’est qu’il est nécessaire d’en changer, et assurer la transition entre une Civilisation tournée vers l’extériorisation productive et une Humanité centrée vers l’intériorisation salvatrice. Saurons nous répondre favorablement à l’énigme posée par Bergson : « L’Humanité gémit, à demi écrasée sous le poids des progrès qu’elle a fait. Elle ne sait pas assez que son avenir dépend d’elle. À elle de voir d’abord si elle veut continuer à vivre. À elle de se demander ensuite si elle veut vivre seulement, ou fournir en outre l’effort nécessaire pour que s’accomplisse, jusque sur notre planète réfractaire, la fonction essentielle de l’univers, qui est une machine à faire des dieux. » C’est dans cette perspective d’ordre anthropologique que le développement personnel prend tout son sens. Optimiser le potentiel psychique de chacun afin de mieux habiter les lieux de confort que la civilisation technicienne nous à léguée.