Art, Littérature et Poésie

Notre génération fait aujourd’hui face à une situation sociale et culturelle qui n’a probablement aucun précédent dans l’Histoire. La Raison, est de façon générale, sortie triomphante des principales révolutions occidentales. En conséquence, les aspirations humaines se sont vues nécessairement essentialisées dans une mécanisation des rapports de production et donc, des relations interpersonnelles dans leur ensemble. Partant du constat que, la Raison procède naturellement par «catégorisation» et «quantification», notre société s’est peu à peu transformée en une vaste entreprise économique ou la qualité de vie semble pouvoir se mesurer presque intégralement au PIB, aux fluctuations boursières ou encore au taux d’endettement.

Il ne s’agit pas ici de minimiser l’importance de tels facteurs, qui, à l’évidence ont une nécessité indiscutable, mais plutôt d’en identifier la dangereuse naturalisation symbolique dans l’inconscient collectif ,les fluctuation boursières donnent aujourd’hui l’impression d’être aussi naturelle que le rythme des saisons. Dans un contexte aussi fortement marqué par l’impératif de production et l’injonction continuelle à la consommation quel est le rôle de l’art ?

Manifestement, il est appréhendé par la plupart de nos contemporains comme étant un divertissement de compensation après avoir vendu sa force de production, qu’elle soit intellectuelle ou physique. Il est bon de se divertir en regardant un bon film d’action ou encore d’exalter nos sens sur la piste de danse.

Fondamentalement, ces activités ne sont pas anormales, elles ont même une fonction régulatrice d’un point de vue psychologique, cependant entre l’impératif de production et l’exaltation compensatrice des sens qu’offre notre société du spectacle, un besoin crucial de l’âme nous fait désormais défaut : la contemplation. Si, comme le disait Malebranche :«L’attention et la contemplation sont la piété naturelle de l’âme», alors notre âme collective est en pleine sécheresse.

Pour autant, rassurons nous avec le poète romantique Hölderlin : « Là où croît le péril croît également ce qui sauve ». Si pour le moment nous n’en faisons pas profondément et intégralement l’usage, notre réservoir d‘œuvre d’art n’a en réalité jamais cessé de s’accumuler.